Une réforme fiscale majeure pourrait bouleverser le budget de 2 millions de retraités français en 2025. Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) propose de supprimer l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite, une mesure qui pourrait entraîner une hausse d’impôt allant jusqu’à 3 000 euros par an pour les foyers les plus aisés. Cette décision, présentée comme une mesure de justice fiscale, suscite déjà de vives réactions.
La fin d’un avantage clé sur les pensions pour les retraités
L’abattement de 10 % sur les pensions permet aujourd’hui aux retraités de réduire leur revenu imposable, avec un gain fiscal pouvant atteindre 3 000 euros par an. Selon le rapport du CPO, cet avantage bénéficie principalement aux retraités les plus aisés, créant une inégalité par rapport aux actifs.
Pierre Moscovici, président du CPO, justifie cette suppression par une volonté de rééquilibrer la charge fiscale entre les actifs et les retraités. Cette réforme pourrait générer environ 1,7 milliard d’euros de recettes supplémentaires pour l’État en 2025. Elle s’accompagnerait également d’autres mesures, comme la réduction du crédit d’impôt pour l’emploi à domicile (de 50 % à 40 %) et la diminution des déductions fiscales pour les dons (de 66 % à 50 %).
Ce changement pourrait toucher directement les retraités percevant une pension confortable, car la suppression de cet abattement augmenterait mécaniquement leur revenu imposable. Cette mesure vise à taxer davantage “ceux qui peuvent se le permettre”, selon le CPO.
L’impact économique sur le pouvoir d’achat des retraités et leurs pensions
Cette réforme pourrait avoir des répercussions importantes sur le budget des retraités, en particulier ceux percevant des pensions élevées. La population de plus de 60 ans représente 25 % de la population française et contribue de manière significative à la consommation intérieure, notamment dans les secteurs de la santé, de l’alimentation et du tourisme.
Une baisse du pouvoir d’achat pourrait entraîner une réduction des dépenses dans ces secteurs, impactant la croissance économique globale. Les retraités concernés pourraient également revoir leur stratégie patrimoniale pour limiter l’impact de cette nouvelle charge fiscale.
Les retraités les plus modestes ne seront cependant pas touchés directement par cette réforme, mais l’inquiétude demeure quant à une augmentation future de la pression fiscale sur l’ensemble des pensions.
Une réforme présentée comme une mesure de justice fiscale sur les pensions
Le gouvernement défend cette réforme comme une mesure de justice sociale. Pierre Moscovici insiste sur la nécessité de faire contribuer davantage les retraités bénéficiant de pensions élevées, tout en préservant les foyers modestes. Cette suppression s’accompagnerait d’un relèvement du plafond du quotient familial et d’une adaptation de la décote fiscale pour éviter de pénaliser les ménages les plus fragiles.
Le gouvernement envisage également de mettre en place des mesures de compensation pour les retraités à faibles revenus, comme des crédits d’impôt ou des aides sociales. Cette stratégie vise à éviter une fracture entre les retraités les plus aisés et ceux disposant de pensions modestes.
Cependant, cette réforme suscite déjà une forte opposition parmi les syndicats et les associations de retraités. Ils dénoncent une “double peine” pour les retraités, qui subissent déjà l’augmentation du coût de la vie et des dépenses de santé.
Un risque politique et économique
Si la suppression de l’abattement de 10 % permet de renforcer les finances publiques, elle pourrait également fragiliser la consommation des retraités et peser sur l’économie. Les retraités représentent une part essentielle de la demande intérieure, et une baisse de leur pouvoir d’achat pourrait freiner la croissance dans certains secteurs.
Le gouvernement devra également faire face à une pression politique croissante. Les associations de retraités appellent déjà à une mobilisation nationale pour s’opposer à cette réforme. À l’approche des élections, le mécontentement des retraités pourrait peser lourdement dans les urnes, obligeant le gouvernement à revoir ou à ajuster cette réforme pour préserver la stabilité sociale.