Des milliers de retraités passent à côté d’un droit qu’ils ont pourtant acquis au fil de leur carrière. Une pension complémentaire oubliée, issue du régime Ircantec, prive chaque année plus de 400 000 anciens salariés d’un revenu pouvant atteindre 810 euros. Le problème ? Ces montants ne sont versés que sur demande. Un simple oubli administratif suffit à les faire disparaître. Pourtant, il n’est pas trop tard pour agir.
La pension complémentaire oubliée de l’Ircantec : une méconnaissance coûteuse
L’Ircantec est un régime complémentaire peu connu, réservé aux contractuels et vacataires de la fonction publique. Contrairement à l’Agirc-Arrco, son fonctionnement repose sur une logique de demande explicite. Résultat : 437 000 retraités, nés entre 1949 et 1954, n’ont jamais réclamé cette pension complémentaire oubliée. Un manque à gagner conséquent, révélé dans un rapport de la Caisse des dépôts.
Les causes sont multiples : changement de métier, déménagement, ou simplement oubli d’avoir cotisé à ce régime secondaire. Une courte mission en mairie ou dans un hôpital public suffit pourtant à générer des droits. Malheureusement, beaucoup de retraités ignorent encore aujourd’hui qu’ils peuvent prétendre à ces sommes.
La Caisse des dépôts rappelle qu’il ne suffit pas d’être retraité pour toucher cette pension. Il faut en faire expressément la demande. Sans cela, les droits restent en suspens, parfois pendant plusieurs années.
Des profils vulnérables parmi les grands oubliés
Ce non-recours concerne principalement des anciens salariés précaires, souvent issus de l’immigration, ou des actifs ayant connu des carrières hachées. Beaucoup ont quitté la France sans savoir qu’ils y avaient laissé un droit non réclamé. Pour d’autres, l’accès à l’information ou aux démarches numériques reste un frein important.
Depuis 2019, les démarches sont simplifiées. Une seule demande en ligne sur le portail officiel permet de débloquer l’ensemble des droits à la retraite complémentaire. L’Union Retraite a envoyé plus de 70 000 courriers pour alerter les retraités. Grâce à cette initiative, environ un quart des destinataires ont pu faire valoir leur droit et commencer à percevoir les montants dus.
Cette action a permis de réduire légèrement le taux de non-recours, mais une majorité de retraités reste encore dans l’ignorance. Chaque année qui passe est une année de revenus perdus, alors même que la précarité augmente dans cette population.
Comment vérifier et réclamer votre pension oubliée ?
Les sommes en jeu varient d’un individu à l’autre. Pour certains, elles représentent quelques dizaines d’euros annuels. Mais pour les nouveaux retraités de 2023, elles peuvent atteindre jusqu’à 810 euros. La moyenne, selon les derniers chiffres, est de 230 euros bruts par an.
En 2025, la campagne de sensibilisation se poursuit, avec des courriers adressés aux retraités nés entre 1949 et 1951. Mais il est inutile d’attendre une lettre pour agir. Toute personne ayant travaillé dans la fonction publique sans en être agent titulaire peut avoir cotisé à l’Ircantec.
Le plus simple est de se rendre sur le site info-retraite.fr. Après identification, il est possible de consulter ses droits et de déposer une demande en ligne. Un geste rapide qui peut redonner un peu d’air à une pension souvent insuffisante.