Les retraités pourraient bientôt perdre un avantage fiscal important, remettant en question un équilibre en place depuis plusieurs décennies. Alors que l’État cherche à réduire le déficit public, la fiscalité des pensions devient un levier de plus en plus étudié. Un abattement vieux de plus de 40 ans pourrait disparaître, suscitant de vives réactions chez les retraités concernés.
La fin d’un avantage vieux de 1978 ?
Depuis 1978, les retraités bénéficient d’un abattement fiscal de 10 % sur leurs pensions, censé compenser les frais professionnels d’autrefois. Cet allègement permet à de nombreux foyers seniors de réduire leur impôt sur le revenu. Pourtant, certains experts estiment qu’il n’est plus justifié. Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), affirme que cet avantage n’a plus de raison d’exister, les retraités n’ayant plus de frais liés au travail.
La suppression de cet abattement pourrait rapporter jusqu’à 5 milliards d’euros par an à l’État, selon ses calculs. Patrick Martin, président du Medef, partage cette opinion, qualifiant l’avantage de « contre-nature ». L’idée serait de cibler les retraités les plus aisés, sans affecter les ménages modestes qui sont souvent non imposables. D’après l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les 20 % de retraités les plus riches paieraient en moyenne 700 à 800 euros d’impôt supplémentaires.
La fiscalité des pensions au cœur du débat
Bien entendu, cette mesure provoque des tensions. La CGT s’oppose fermement à toute suppression de l’abattement, dénonçant une réforme injuste. De son côté, la CFDT adopte une approche plus modérée. Sa secrétaire générale, Marylise Léon, affirme que « les retraités peuvent contribuer », mais appelle à une répartition plus équitable des efforts entre actifs, retraités et entreprises. Elle alerte également sur le risque de fracture intergénérationnelle si les réformes accentuent les inégalités entre jeunes et seniors.
La fiscalité des pensions ne peut être modifiée sans concertation, avertit-elle, alors que la Sécurité sociale fête ses 80 ans. Pour elle, toute évolution doit préserver la cohésion sociale tout en garantissant un financement pérenne du système.
Des choix budgétaires lourds de conséquences
Cette réforme s’inscrit dans un plan plus global de réduction du déficit public. La Cour des comptes estime que l’État devra économiser 15 milliards d’euros d’ici dix ans. Dans ce contexte, la fiscalité des pensions apparaît comme une cible stratégique pour le gouvernement, qui devra cependant ménager un électorat sensible.
Même si aucune décision n’a encore été prise, la question pourrait être évoquée lors du prochain conclave sur les retraites. Une chose est certaine : toucher à la fiscalité des retraités constitue toujours un exercice politique risqué. L’exécutif devra donc peser le pour et le contre, entre nécessité budgétaire et préservation du pouvoir d’achat des seniors.